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Les leçons de P Silberzahn : pas de but dans la vie? Une chance

nina-bee Par Le 17/02/2019 0

Dans Côté orientation

La plupart du temps nous définissons un but comme un « état souhaité dans le futur ». Typiquement, « Je veux être pilote de chasse quand je serai grand » ou « Nous devons prendre 15% de ce marché dans les trois ans ». On peut aussi avoir un but moins précis, comme « Je veux piloter un avion quand je serai grand » ou même « Je veux travailler dans l’aviation quand je serai grand ». Lorsque le but est précis, il n’y a guère que deux possibilités: il est atteint et j’ai réussi ou il n’est pas atteint et j’ai échoué.

 Si je dis « je veux piloter un avion quand je serai grand », ce but peut être atteint si je suis pilote de chasse, si je suis pilote civil, ou si je pilote un avion de tourisme pour mon plaisir par exemple. Il y a donc plusieurs résultats possibles pour un but donné et donc plus de possibilités qui correspondront à un succès.

Ainsi émerge une nouvelle façon de définir un but ( cf le chercheur Herbert Simon) : un but est un ensemble de contraintes. Dire « Je veux travailler dans l’aviation plus tard » c’est, de façon imagée, tracer un cercle dans l’espace des possibles en disant: je ne sais pas exactement ce que je ferai plus tard, mais il faudra que ce soit dans l’aviation. Cela revient à éliminer quantité de possibilités.

Dès lors et très concrètement, un but très précis n’est rien d’autre qu’une série de contraintes. La différence entre « Je veux travailler dans la restauration » et « Je veux lancer une activité de livraison de plats cuisinés bio mexicains low cost en moins de trente minutes dans la région ouest de Lyon » c’est simplement que le second but, beaucoup plus précis, est défini par un plus grand nombre de contraintes. Ces contraintes sont toutes obligatoires et doivent toutes être respectées. Si je réussis à lancer un tel service, mais que je n’arrive pas à livrer en moins de trente minutes, je n’aurai pas atteint mon but.

Donc quand un étudiant dit je ne sais pas ce que je veux faire mais je suis passionné par l’aviation ou quand un entrepreneur dit je veux faire quelque chose dans la restauration, on ne peut pas dire qu’ils n’ont pas de but. Ils en ont un, mais faiblement contraint, qui laisse ouvert de nombreux possibles et qui est donc moins fragile. Dans cette démarche, l’action va donc consister à ajouter des contraintes au fur et à mesure de son expérience pour faire émerger le but en même temps qu’on le réalise….

Ces contraintes vont s’ajouter en s’associant avec d’autres. Si je veux travailler dans la restauration, je pars de ce que j’ai sous la main: pas grand-chose mais je parle anglais? Je peux toujours chercher un job de serveur dans un restaurant situé dans une zone touristique, ou je peux commencer à cuisiner pour mes amis pour voir ce que cela donne.

Au sein de mon « espace de contrainte », pour l’instant délimité par le fait que je veux travailler dans la restauration, je peux essayer plusieurs choses. Si quelqu’un me propose de cuisiner pour l’anniversaire de sa femme et que j’accepte, c’est une nouvelle contrainte qui rend plus précis mon but. En agissant ainsi, j’augmente mes ressources disponibles (j’ai maintenant une première expérience de cuisine à domicile pour un événement privé) et je peux envisager de nouveaux buts. Par exemple, en cuisinant pour cet événement, l’un des invités passe un peu de temps avec moi et me propose de filmer mon travail. La vidéo devient virale et je commence à donner des cours de cuisine en ligne avec son aide. Ma nouvelle contrainte choisie est l’enseignement de la cuisine en ligne. Si ça ne marche pas vraiment, je supprime la contrainte mais en restant dans la contrainte initiale, travailler dans la restauration. L’intéressant ici est que chaque nouveau but se nourrit de ce qui a été fait précédemment. Il n’est même possible que par ce qui s’est produit auparavant. Il est donc plus riche et aussi plus personnel. Parce qu’il est basé sur ce qu’on a sous la main, et qu’on progresse par petits pas (en perte acceptable) il a beaucoup plus de chances de réussir.

Au final, la définition de but par contraintes est extrêmement puissante aussi bien sur le plan personnel que dans une organisation. Il est toujours plus facile de définir ce que l’on ne veut pas que d’imaginer ce que l’on veut. Quant à définir ce qu’on veut, c’est toujours plus facile avec quelqu’un d’autre, sur la base de ce qui existe et qu’on a sous la main. L’enjeu est donc de se mettre des choses sous la main, c’est par là qu’il faut commencer. Vous n’avez pas de but dans la vie? C’est votre chance!

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