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Les MOOCS ne remplaceront pas les enseignants

Par Le 17/01/2016 0

Dans Remue-méninges....

En vingt-cinq ans, ordinateurs et internet ont bouleversé radicalement notre univers technologique et professionnel, social et personnel. Plus qu’un ensemble d’outils, le numérique représente aujourd’hui une mutation de civilisation : communication immédiate entre humains, accélération vertigineuse de toutes les tâches de manipulation de données, accès extrêmement rapide à une quantité prodigieuse d’informations aux contextes spécifiques, etc, virtualisation du réel – exemple les « robots traders », qui surenchérissent au centième de seconde – sans oublier la possibilité de « tracer » les personnes qui pourrait, à terme, préfigurer une « société de contrôle ».

Le numérique est, tout à la fois, la meilleure et la pire des choses, aussi bien pour le développement d’une démocratie que pour celui de l’éducation. On peut imaginer la multiplication de services éducatifs en ligne, avec de gigantesques banques de ressources, qui permettraient en théorie à chacun d’apprendre à son rythme et selon ses centres d’intérêt, en autonomie et de manière individuelle.

Néanmoins, tous ceux qui ont essayé un jour de suivre les cours d’un MOOCS savent bien que ce n’est pas si simple. On rappellera que 95% de ceux qui commencent un cours en ligne ( MOOCS) arrêtent avant la fin. Certes les savoirs sont disponibles mais il faut être motivé et autonome pour se connecter chaque jour, suivre les cours, faire les exercices et ce ne sont pas les MOOCS qui favorisent cette autonomie et le travail actif. C’est plutôt l’inverse. C’est parce que l’enseigné sera au départ autonome et actif dans son savoir, que l’outil va être utile. De même, l’appropriation réelle des savoirs, en se projetant sur des situations réelles, ne va pas de soi. Enfin, on rappellera aussi que la relation humaine pédagogue/ enseigné, crée l’émotion préalable à l’apprentissage, où s’engrènent la joie d’expliquer et le plaisir de comprendre.

Les intérêts financiers autour du développement de ces services d’accès aux connaissances sont colossaux. Ils se développent aujourd’hui de manière insidieuse en complément d’une école qui, ne parvenant pas à lutter efficacement contre l’échec, externalise, de plus en plus, les dispositifs d’aide et d’accompagnement des élèves. Il s’insinue aussi au sein d’une société où quantité d’officines n’hésitent pas à spéculer sur l’angoisse des familles…

 

Mais on voit aussi, symétriquement, de plus en plus d’enseignants réfléchir aux usages éducatifs du numérique en les intégrant à ce que doit aussi apporter l’école : le temps de la réflexion par rapport à l’immédiateté de la réaction, la construction d’un collectif de société, la poursuite de la vérité dans la masse d’information disponible ( rappelons que les moteurs de recherche, qui ne recherchent d’ailleurs que ce qu’on leur demande et qu’on connaît,  ne classent nullement leurs résultats en fonction de leur degré de vérité) et la formation à la coopération ( à distinguer de la division du travail). 

Rien de miraculeux, donc, dans les usages éducatifs du numérique. Mais de nombreuses possibilités d’apprentissage très précieuses : des recherches documentaires facilitées si l’on apprend à vérifier et évaluer ses sources ; des visionnages de séquences que l’on pourra utiliser dans des « classes inversées », dès lors que l’on aura appris à regarder, mémoriser, décrire et interpréter ce que l’on a vu ; des activités d’exploration et de découverte mobilisatrices grâce à des logiciels interactifs ; des entraînements systématiques avec des tutoriels qui disposent de la patience nécessaire pour aider à corriger chaque erreur ; des temps de formalisation guidés par des didacticiels permettant d’élaborer et de présenter des modèles intégrateurs ; des apprentissages complexes favorisant la prise en compte de plusieurs facteurs et la prise de décision réfléchie grâce à des logiciels de simulation, etc.

Dans ce projet d’une « école maison commune », les ressources offertes par le numérique peuvent constituer une chance supplémentaire, en libérant des cadres formels de la classe homogène et du cours magistral systématique.

Synthèse....faite par nos soins.... d’un article de Philippe Meirieu, Professeur en sciences de l’éducation à l’université Lyon II, paru dans Sciences Humaines ( janvier 2016)

http://www.scienceshumaines.com/comment-le-numerique-a-transforme-l-ecole_fr_35634.html

 

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