A l’université de Rouen, il a été décidé de s’en tenir à ce premier classement. « Il s’agissait pour nous des critères les plus objectifs, explique le président de l’établissement, Joël Alexandre. Quand on sait que les lettres de motivation ont pu être rédigées avec l’aide d’officines privées payantes, cela ne nous semblait pas pertinent d’en tenir compte. » Seul ajustement prévu dans son établissement, une pondération selon le type de bac doit permettre d’assurer la même proportion de places aux bacheliers professionnels, technologiques et généraux.
D’autres universités sont allées plus loin chacune à leur manière. Paris-V Descartes a réparti entre les enseignants-chercheurs l’intégralité des 10 000 dossiers reçus, avec une grille de critères à examiner pour chacun des attendus. A Toulouse ou Paris-II Assas ce sont seulement ceux des lycéens arrivés ex æquo à l’issue du classement automatique.
A l’université Paris-I, les premiers milliers de dossiers ont été répartis entre les 20 enseignants-chercheurs de la commission d’examen, pour un examen final. Un document d’appui a été transmis aux enseignants-chercheurs : le classement des meilleurs lycées – nationaux et parisiens – réalisé à partir des données du ministère. « On sait que, de fait, certains lycées sont plus exigeants que d’autres dans la notation », explique le juriste....
Dans ce processus inédit, certains enseignants-chercheurs tirent déjà un premier bilan critique. « Nous avons ouvert des centaines de dossiers dont on ne sait que penser, tant ils se ressemblent, et qu’on a dû départager au pif… On se dit vraiment qu’on passe du tirage au sort à la loterie », dit un professeur. « S’il est facile de juger les très mauvais dossiers ou les très bons, l’immense masse est très homogène », abonde Aurore Chaigneau, présidente de la commission d’examen à Nanterre, qui a reçu 7 500 dossiers à classer.
Et d'ailleurs, « Comment départager 4 100 dossiers ex æquo ?, interroge l’enseignante. Même en les ouvrant à la main, nous sommes limités à trois chiffres après la virgule pour noter les dossiers, c’est mission impossible. »
Alerté sur le problème, le ministère a produit dans l'urgence un outil pour Paris-I, pour départager de manière automatique ces ex æquo en s’appuyant sur un critère choisi – par exemple, la note aux épreuves du bac de français.
Il n'empêche qu'en Ile de France, ces classements vont déterminer le fait d’obtenir, ou non, sa place dans la fac demandée...
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