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Jean-Paul Payet : Réinterroger la relation avec les parents...encore ...

nina-bee Par Le 08/04/2018 0

Dans Côté parents....

Nous publions ci-dessous des extraits d'un entretien entre Jean-Paul Payet de l'Université de Genève et le Café Pédagogique à l'occasion de la publication de son livre "Ecole et Famille". Faites-vous votre idée... 

Rapprocher l'Ecole et les parents c'est une injonction de l'institution, mais cela semble aussi aller de soi. Pourtant vous dites que c'est "une évidence à revisiter". Pourquoi ?

C'est devenu une évidence aujourd'hui. Mais on vient d'une Ecole républicaine construite sur le principe d'une mise à distance de la famille. Depuis une vingtaine d'années on a basculé sur un autre paradigme : la collaboration entre l'Ecole et les parents. Et on fait comme si cela allait de soi. Mais la culture de l'Ecole et les mentalités enseignantes n'y sont pas préparés.

Et si on ne revisite pas cette évidence on prend  le risque d'effets pervers. Par exemple la collaboration est une belle idée mais qui crée des attentes chez les enseignants. Ils attendent que les parents soient à la hauteur de cette collaboration, qu'ils deviennent de vrais partenaires. Or tous les parents ne sont pas égaux par rapport à ces attentes. Certains sont socialement prêts à être de bons partenaires. D'autres n'ont pas les capacités sociales à répondre à ce type de collaboration. Cet effet pervers peut mettre encore plus les parents défavorisés en difficulté avec l'Ecole.

Est-ce la même chose pour un enseignant d'avoir à collaborer avec des parents favorisés ou défavorisés ?

Très clairement il faudrait former les enseignants au travail avec toutes les catégories de parents. Tous ont les mêmes droits vis-à-vis de l'Ecole. Mais c'est une égalité formelle. Dès qu'on entre dans la réalité c'est différent.

Avec les parents de milieu favorisé les enseignants doivent être préparés à faire face à des revendications très individuelles. Ces parents vont demander un contrôle de l'espace scolaire pour satisfaire des intérêts individuels. Les enseignants devront être compétents pour protéger l'espace scolaire de ces revendications.

A l'autre bout de l'échelle sociale c'est très différent. Les enseignants devraient être capables d'aider ces parents à devenir de vrais partenaires. En amont, cela signifie déjà les reconnaitre comme des partenaires.

Dans ce livre vous parlez de professeurs "domestiqués" par certains parents. Le terme n'est pas trop fort ?

C'est souvent le cas avec les parents très favorisés. Le mot fait référence à ces familles très bourgeoises qui ont du personnel de maison [NDL...oh il abuse... comme si la référence était ce type de famille...] et qui finalement étendent ce type de rapport aux enseignants. Dans ce milieu les parents ont une forte capacité à mettre les enseignants en rivalité. Ils disent par exemple que l'an dernier M. X. faisait comme cela. Ou qu'ils préfèrent la façon de faire de Mme Y. Dans ce petit monde de parents il y a un marché des réputations auquel il est difficile de résister. C'est très différent des quartiers défavorisés où les parents se plaignent peu et où les enseignants font plus corps.

Dans ces quartiers les enseignants se plaignent souvent de parents démissionnaires. Qu'en pensez-vous ?

C'est un stéréotype qui me gêne et qui empêche souvent d'aller voir réellement les situations individuelles. Il y a bien des parents qui sont en difficulté. Mais je ne connais pas de parents qui se désintéressent de l'école. Car tous savent qu'il faut des diplômes pour accéder au travail. Tous sont convaincus du rôle fondamental de l'Ecole.

Les parents qui semblent s'en désintéresser sont en réalité en difficulté. Il faut travailler avec ces parents et leur donner les moyens de reprendre confiance dans leur capacité à éduquer leur enfant. C'est un défi qui vaut la peine.

Pour lire la suite http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2018/04/06042018Article636585968400152202.aspx

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