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Pourquoi on trouve normal que profs et infirmières soient mal payés...

nina-bee Par Le 16/09/2018 0

Dans Remue-méninges....

source:https://abonnes.lemonde.fr/economie/article/2018/09/11/david-graeber-les-bullshit-jobs-se-sont-multiplies-de-facon-exponentielle-ces-dernieres-decennies_5353406_3234.html?

De nombreux salariés de la finance, du marketing ou du secteur de l’information, pourtant bien payés, sont aujourd’hui convaincus d’occuper des emplois inutiles, absurdes, voire nuisibles pour la société, les fameux « boulots à la con », de David Graeber, anthropologue et professeur à la London School of Economics.

Parallèlement des métiers à forte utilité sociale, comme les enseignants, les infirmières, sont mal payés et mal considérés.... Comment comprendre?

Dans son livre Bullshit Jobs paru le 5 septembre aux éditions Les liens qui libèrent, il explore les racines de ce phénomène.  dont les conséquences ne se limitent pas à la souffrance professionnelle. Car au-delà, explique-t-il, notre société entière échoue à utiliser le progrès technologique comme un outil de libération des individus.

Les emplois inutiles ont toujours existé mais ils se sont multipliés de façon exponentielle ces dernières décennies. Ce qui peut sembler paradoxal : en théorie, l’économie de marché, censée maximiser les profits et l’efficacité par la concurrence ( hé, hé… on n'est pas mauvais en économie libérale!!…) , ne devrait pas permettre à ces jobs peu utiles d’exister.... Lisez son bouquin pour en savoir plus sur ce sujet, nous on avance dans sa démonstration...

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, être payé, même bien, pour faire faire quelque chose d’inutile et absurde engendre une grande souffrance morale. Les hommes tirent leur bonheur du sentiment d’avoir prise sur le monde, de contribuer à sa bonne marche, d’une façon ou d’une autre. La violence spirituelle qu’engendre l’absence de sens des bullshit jobs, tout comme le sentiment d’inutilité et d’imposture, est destructrice, moralement et physiquement.

Les salariés concernés ne se révoltent pas, car, au-delà de son utilité économique évidente, le travail est aussi une part déterminante de notre identité – lorsqu’un inconnu nous demande ce qu’on fait, on répond par notre métier. C’est un paradoxe: même lorsque les personnes détestent leur job, elles y sont attachées. Beaucoup tirent même leur dignité précisément du fait qu’elles souffrent au travail.

Toujours selon D Graeber, cela tient à notre conception théologique du travail, enracinée dans la chrétienté : il est un devoir, il est le propre de la condition humaine et « forge » le caractère. Celui qui ne fait pas sa part est indigne. Cette vision est, en outre, l’autre face du consumérisme : on souffre au travail pour s’autoriser ensuite à consommer une fois rentrés à la maison.

Enfin dernier paradoxe, toujours selon D Graeber, une relation inverse entre la valeur sociale d’un emploi et la rémunération que l’on en tire. Exemple : instituteurs, infirmières, personnel des maisons de retraites… (à l’exception des médecins) dont le métier a un utilité fondamentale mais qui restent mal payés.. C'est comme si ces emplois engendraient une forme de « jalousie morale », c’est-à-dire un ressentiment face aux activités dénotant une plus grande élévation morale. Tout se passe comme si la société entière songeait : les infirmiers, les instituteurs, eux, ont la chance de compter dans la vie des autres, ils ne vont pas en plus réclamer d’être bien payés ! Il en va de même avec les artistes.

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